Pardonne-moi, Dora. Peut-être est-ce la fatigue. Des années de lutte, l'angoisse, les mouchards, le bagne... Où trouverais-je la force d'aimer ? Il me reste au moins celle de haïr. Cela vaut mieux que ne rien sentir.
Comme si les chemins familiers tracés dans les ciels d'été pouvaient mener aussi bien aux prisons qu'aux sommeils innocents.
Tout ce qui fait travailler et s'agiter l'homme utilise l'espoir. La seule pensée qui ne soit mensongère est donc une pensée stérile. Dans le monde absurde, la valeur d'une notion ou d'une vie se mesure à son infécondité.
J'avais fait mon métier d'homme et d'avoir connu la joie tout un long jour ne me semblait pas une réussite exceptionnelle, mais l'accomplissement ému d'une condition qui, en certaines circonstances, nous fait un devoir d'être heureux.
Le vieux ferma les yeux.Devant la vie qui emportait les grondements de la ville et le sourire niais indifférent du ciel,il était seul,désemparé,nu,mort déjà.[L'Envers et l'endroit(L'ironie)]
J'ai pensé que c'était dimanche et cela m'a ennuyé : je n'aime pas le dimanche. [...] J'ai dormi jusqu'à 10 heures. J'ensuite fumé des cigarettes jusqu'à midi. [blablabla...] je me suis lavé les mains et, pour finir, je suis allé au balcon.
Lui comme une lame solitaire et toujours vibrante destinée à être brisée d'un coup et à jamais, une pure passion de vivre affrontée à une mort totale, sentait aujourd'hui la vie, la jeunesse, les êtres lui échapper, sans pouvoir les sauver en rien, et abandonné seulement à l'espoir aveugle que cette force obscure qui pendant tant d'années l'avait soulevé au-dessus des jours, nourri sans mesure, égale aux plus dures des circonstances, lui fournirait aussi, et de la même générosité inlassable qu'elle lui avait donné ses raisons de vivre, des raisons de vieillir et de mourir sans révolte.
Comme si les chemins familiers tracés dans les ciels d'étés pouvaient mener aussi bien aux prisons qu'aux sommeils innocents.