L'amitié, lorsqu'elle est vraie, a, comme l'amour, sa pudeur ; elle craint de trop s'étaler ; elle veut être comprise de prime abord ; elle agit plus qu'elle ne parle.
Une maladie, un deuil, on en parle... mais un chagrin d'amour scelle les mots au bord des lèvres comme si une incompréhensible pudeur devait les retenir nous empêchant de les communiquer aux autres.
Cette extrême politesse qu'affectent certains grands seigneurs, cette politesse qui n'a rien d'affectueux, n'est-elle pas, en quelque sorte, un avis au public pour repousser toute espèce de familiarité?
Plaignons ces lecteurs chagrins qui se montrent insensibles aux beautés d'un livre et n'en aperçoivent que les défauts : il est d'un mauvais esprit, lorsqu'on parcourt un jardin, de n'y remarquer, de n'y voir que les mauvaises herbes.