Si l'on commence à haïr la chose aimée, de sorte que l'amour soit complètement anéanti, on éprouvera pour elle, à motif égal, une haine plus grande que si on ne l'avait jamais aimée, et d'autant plus grande que notre amour aura été plus grand.
La haine n'est-elle pas aussi douloureuse que l'amour ? Celui qui déteste son semblable s'enchaîne à sa rancune, se fait prisonnier de son ressentiment. Il n'est plus un être libre.
Cette extrême politesse qu'affectent certains grands seigneurs, cette politesse qui n'a rien d'affectueux, n'est-elle pas, en quelque sorte, un avis au public pour repousser toute espèce de familiarité?
L'amitié, lorsqu'elle est vraie, a, comme l'amour, sa pudeur ; elle craint de trop s'étaler ; elle veut être comprise de prime abord ; elle agit plus qu'elle ne parle.
Plaignons ces lecteurs chagrins qui se montrent insensibles aux beautés d'un livre et n'en aperçoivent que les défauts : il est d'un mauvais esprit, lorsqu'on parcourt un jardin, de n'y remarquer, de n'y voir que les mauvaises herbes.