Les intellectuels, étant les plus forts, trouvent leur bonheur là où d'autres périraient : dans le labyrinthe, dans la dureté envers soi-même et les autres, dans la tentation ; leur joie, c'est de se vaincre eux-mêmes.
L'admiration de soi préserve des refroidissements. Une jolie femme qui se sait bien habillée a-t-elle jamais pris froid? Jamais de la vie. Je veux dire même au cas où elle est à peine vêtue.
La compassion est la praxis du nihilisme. Répétons-le : cet instinct dépressif et contagieux contrarie les instincts qui visent à conserver et à valoriser la vie : tant comme multiplicateur de la misère que comme conservateur de tout misérable, il est l'instrument principal de l'aggravation de la décadence. La compassion vous gagne à la cause du néant!...
« Il y a parmi les chrétiens, une sorte de critère de la vérité que l'on appelle « La preuve par l'efficace ». « La foi rend bienheureux : donc elle est vraie. ON doit être heureux parce que l'on croit ».
Cette énergie qui me permit de m'isoler complètement, de me détacher totalement des conditions habituelles, la contrainte que je m'imposai pour ne plus me laisser domestiquer, dorloter et droguer par de douteux docteurs — voilà qui trahit une absolue sûreté d'instinct quant à ce qui, alors, faisait avant tout besoin. Je me suis pris moi-même en main, je me suis rendu à moi-même la santé : la condition de cette réussite — tout physiologiste me l'accordera — c'est d'être fondamentalement sain.
Il ne suffit pas, pour se comprendre mutuellement, d'employer les mêmes mots ; il faut encore employer les mêmes mots pour désigner la même sorte d'expériences intérieures, il faut enfin avoir en commun certaines expériences.
A vrai dire, la foi n'a pas encore réussi à déplacer de vraies montagnes, quoique cela ait été affirmé par je ne sais plus qui; mais elle sait placer des montagnes où il n'y en a point.
Je ne saurais voir dans l'athéisme un résultat, un événement : il est chez moi instinct naturel. Je suis trop curieux, trop sceptique, trop hautain pour accepter une réponse grossière. Dieu est une réponse grossière, une goujaterie à l'égard du penseur ; ce n'est même, au fond, qu'une grossière interdiction à notre endroit : Défense de penser...
Mais sans le mythe, toute culture est dépossédée de sa force naturelle, saine et créatrice; seul un horizon constellé de mythes parachève l'unité d'une époque entière de culture.
Connais-toi toi-même, voilà toute la science. C'est seulement quand la connaissance des choses sera achevée que l'homme se connaîtra lui-même. Car les choses ne sont que les limites de l'homme.
Ce que je reproche aux âmes compatissantes, c'est qu'elles perdent facilement toute pudeur, toute délicatesse, tout respect des distances, c'est que, pour un rien, la compassion sent sa plèbe et ressemble à s'y méprendre aux mauvaises manières, — c'est que des mains compatissantes, peuvent à l'occasion avoir un effet proprement dévastateur lorsqu'elles s'en prennent à un grand destin, à une solitude blessée, et au privilège d'une faute écrasante.
Nous avons l'art, afin de ne pas mourir de la vérité.