Sade décrit l'espace de ce qui ne devait pas, ne pouvait pas en avoir, comme s'il faisait apparaître sous le langage la texture organique de l'imaginaire. Car, à l'inverse de la trajectoire libertine qui décrit un lieu fermé et l'explore pour en prendre possession, la pensée de Sade se développe en structure cellulaire qui, par leurs tourbillons, dévoie la clôture vers la prolifération, la possession vers le manque, le nombre vers le vide. Le cérémonial de Sade est tout entier dans ce jeu tragique où l'indifférent devient à son insu fanatique, serait-ce fanatique de l'indifférence.
Annie Le Brun