Comme si cette grande colère m'avait purgé du mal, vidé d'espoir, devant cette nuit chargée de signes et d'étoiles, je m'ouvrais pour la première fois à la tendre indifférence du monde. J'ai senti que j'avais été heureux et que je l'étais encore.
L'homme qui, dans un accès de colère, ou entraîné par la passion, fait violence à un autre homme, me semble porter la main sur son frère ; et celui qui ne fait pas tous ses efforts pour arrêter les effets de cet emportement est aussi coupable, selon moi, que s'il abandonnait sa patrie, ses parents ou ses amis en péril.
La lecture était ma liberté et mon réconfort, ma consolation, mon stimulant favori : lire pour le pur plaisir de lire, pour ce beau calme qui vous entoure quand vous entendez dans votre tête résonner les mots d'un auteur.
Un jour, nos regard se sont croisés, je m'en souviens bien, c'était très important, nos regards se sont croisés et j'ai senti le mien me passer à travers, comme si je n'avais pas existé. Ç'a été un instant incroyable.
C'est compliqué de demander pardon, c'est un geste délicat, en équilibre entre raideur orgueilleuse et contribution larmoyante et si l'on n'arrive pas à s'ouvrir à l'autre en toute honnêteté, toutes les excuses paraissent fausses et creuses.