La dénonciation de l'intolérable n'a que trop tendance à s'assortir d'un constat d'impuissance qui, en dernier ressort, prête sournoisement à la barbarie un caractère inéluctable, voire paradoxalement attrayant.
Les nations de l'Europe divisées, occupées pendant des siècles à se déchirer, après avoir vieilli dans la barbarie, n'ont été éclairées que par l'invasion des Maures, et par l'arrivée des Grecs échappés à la prise de Constantinople.
L'humanité s'installe dans la mono-culture ; elle s'apprête à produire la civilisation en masse, comme la betterave. Son ordinaire ne comportera plus que ce plat.
La diversité des cultures est derrière nous, autour de nous et devant nous. La seule exigence que nous puissions faire valoir à son endroit (créatrice pour chaque individu des devoirs correspondants) est qu'elle se réalise sous des formes dont chacune soit une contribution à la plus grande générosité des autres.
Ce que nous nommons exotisme traduit une inégalité de rythme, significative pendant le laps de quelques siècles et voilant provisoirement un destin qui aurait bien pu demeurer solidaire.