La mélancolie se lève chaque matin une minute avant moi. Elle est comme quelqu'un qui me fait de l'ombre, debout entre le jour et moi. Je dois pour m'éveiller la repousser sans ménagement.
J'aime la mélancolie de ce passant. Il n'a plus aucune de ces prétentions du paraître qui nous amenuisent tant dans la vraie vie, nous contraignent à cacher nos blessures, nos tristesses.
Si tu t'appelles mélancolie Si l'amour n'est plus qu'une habitude Ne me raconte pas ta vie Je la connais, ta solitude Si tu t'appelles mélancolie On est fait pour l'oublier ensemble Les chiens perdus, les incompris On les connaît, on leur ressemble
Je remplace la mélancolie par le courage, le doute par la certitude, le désespoir par l'espoir, la méchanceté par le bien, les plaintes par le devoir, le scepticisme par la foi, les sophismes par la froideur du calme et l'orgueil par la modestie.
Seigneur, donnez-nous le courage de vivre comme si nous croyions à l'enthousiasme ; donnez-nous la grâce de vivre notre néant dans des élans de création libératrice. Puissions-nous nous aveugler jusqu'au tourbillon final !
Toute découverte me paraît bonne à faire, et cela avec la certitude que rien ne sert à rien en dernière analyse, que bientôt on m'enterrera et que tout aura été inutile.