La mort n'atteint pas seulement celui qui doit fermer les yeux à jamais mais aussi les autres, tous les autres qui recevront l'horreur et l'absence en partage.
L'esprit humain souffre d'une carence intellectuelle fondamentale : pour qu'il comprenne la valeur d'une chose, il faut le priver de cette chose. L'absence lui parle sa langue maternelle ; la présence, c'est de l'hébreu pour lui.
Le principe de l'indifférence de la science face aux valeurs ne doit pas nous faire croire que l'évolution, le plus merveilleux enchaînement de processus explicable par des causes naturelles, ne serait pas capable de produire des valeurs nouvelles. La naissance d'une forme supérieure de vie à partir d'un ancêtre plus simple signifie pour nous un gain de valeur.
On peut, à la rigueur, parvenir à la jouissance sans acquitter le prix d'un travail rude et pénible, mais non pas à la joie, cette "merveilleuse étincelle divine".
Une chose est sûre : les luttes tribales ne remplissent point ces fonctions dans l'intérêt de l'espèce (...) la sélection décerne un prix aux plus grandes super-familles, car, du fait que les membres d'une famille s'assistent mutuellement contre les étrangers, un petit peuple est, au combat, toujours désavantagé par rapport à un grand (...) Ceux qui survivent s'agrandiront et deviendront de plus en plus sanguinaires, puisqu'il y a un prix de la sélection sur l'augmentation de l'agressivité haineuse. Finalement, toutes les petites tribus succomberont.
Tout ce que l'homme vénère et révère par tradition, ne représente pas une valeur éthique absolue, mais n'est sacré que par rapport au cadre de référence de telle ou telle culture [...] Si les normes sociales et les coutumes ne développaient pas leur vie et leur pouvoir autonomes particuliers, si elles n'étaient pas haussées à la valeur de fins sacrées en soi, il n'y aurait pas de vie commune basée sur la confiance, pas de foi, pas de loi.
La voie dans laquelle se développent les gestes inhibiteurs de combat, est ici parfaitement tracée : l'animal qui désire la paix doit détourner son arme de l'adversaire. Cependant l'arme ne sert presque jamais uniquement à l'attaque, elle sert aussi à la défense et à la parade. Cette forme de mouvement d'apaisement présente donc le grand inconvénient que l'animal qui s'y livre, renonce d'une manière très dangereuse à sa propre défense et offre même souvent à l'agresseur potentiel les endroits les plus vulnérables de son corps. Cela n'empêche point cette forme de soumission d'être très répandue.