Il n'y a rien, tu n'as rien à donner au désert : ni goutte d'eau ni goutte de sang. Les yeux bandés tu avances par des couloirs, des carrefours, des ruelles où trois étoiles conspirent. A voix basse la rivière parle. Sur ta gauche, sur ta droite, en arrière, en avant, d'ignobles rires, d'ignobles chuchotements. Le monologue te guette à chaque pas, et ses exclamations, ses signes d'interrogation, ses nobles sentiments, ses points sur les i durant un baiser, son moulin de lamentations et son répertoire de miroirs brisés. Poursuis : tu n'as rien à te dire.
Octavio Paz