Le flirt avec l'avenir est le pire des conformismes, la lâche flatterie du plus fort. Car l'avenir est toujours plus fort que le présent. C'est bien lui, en effet, qui nous jugera. Et certainement sans aucune compétence.
Voila la vraie et seule raison d'être de l'amitié : procurer un miroir dans lequel l'autre peut contempler son image d'autrefois qui, sans l'éternel bla-bla de souvenirs entre copains, se serait effacée depuis longtemps.
Le roman en tant que tel peut apparaître comme polémique parce que son ambition la plus profonde est de dévoiler les choses et de montrer ce qui se cache derrière nos certitudes et nos représentations.
Celui qui veut continuellement s'élever doit s'attendre à avoir un jour le vertige.
Le temps humain ne tourne pas en cercle mais avance en ligne droite. C'est pourquoi l'homme ne peut être heureux puisque le bonheur est désir de répétition.
Être courageux dans l'isolement, sans témoins, sans l'assentiment des autres, face à face avec soi-même, cela requiert une grande fierté et beaucoup de force.
Celui qui veut se souvenir ne doit pas rester au même endroit et attendre que les souvenirs viennent tout seuls jusqu'à lui ! Les souvenirs se sont dispersés dans le vaste monde et il faut voyager pour les retrouver et les faire sortir de leur abri !
Nous vivons de plus en plus dans l'oubli de l'être. Reconstituer cette sensibilité à la vie, cette attention aux coïncidences, tel est aussi le sens du roman.
Le kitsch c'est une esthétique qui est soutenue par une vision du monde, c'est presque une philosophie. C'est la beauté en dehors de la connaissance, c'est la volonté d'embellir les choses et de plaire, c'est le conformisme total.
Le roman est ennemi de la vitesse, la lecture doit être lente et le lecteur doit rester sous le charme d'une page, d'un paragraphe, d'une phrase même.