Le bouddhisme suppose un climat très doux, des mœurs d'une grande aménité et d'une grande tolérance, pas trace de militarisme ; et aussi que le foyer du mouvement se trouve dans les classes supérieures et mêmes savantes. On s'assigne comme but suprême la sérinité, la paix, l'extinction de tout désir et l'on atteint ce but. Le bouddhisme n'est pas une religion dans laquelle on aspire seulement à la perfection ; le parfait y est le cas normal.
Cette énergie qui me permit de m'isoler complètement, de me détacher totalement des conditions habituelles, la contrainte que je m'imposai pour ne plus me laisser domestiquer, dorloter et droguer par de douteux docteurs — voilà qui trahit une absolue sûreté d'instinct quant à ce qui, alors, faisait avant tout besoin. Je me suis pris moi-même en main, je me suis rendu à moi-même la santé : la condition de cette réussite — tout physiologiste me l'accordera — c'est d'être fondamentalement sain.
Quiconque a sondé le fond des choses devine sans peine quelle sagesse il y a à rester superficiel. C'est l'instinct de conservation qui apprend à être hâtif, léger et faux.
La vie a besoin d'illusions, c'est-à-dire de non-vérités tenues pour des vérités.
Qui se sait profond, s'efforce à la clarté : qui veut paraître profond aux yeux de la foule, s'efforce à l'obscurité. Car la foule tient pour profond ce dont elle ne peut voir les raisons : elle a si peur de se noyer !
Les gens qui nous donnent leur pleine confiance croient par là avoir un droit sur la nôtre. C'est une erreur de raisonnement ; des dons ne sauraient donner un droit.
Dans toute morale ascétique, l'homme adore une part de soi-même sous les espèces de Dieu, et il a besoin pour cela de changer en diable la part qui reste...
On a pas hésité à donner à l'homme "bon" une valeur supérieure dans le sens du progrès, de l'utilité, de la prospérité de l'homme. Et si le contraire était vrai ? Et s'il y avait chez le "bon" aussi un symptôme de régression qui permettrait au présent de vivre en quelque sorte aux dépens de l'avenir ? De sorte que la morale serait responsable du fait que le type homme n'a jamais atteint le plus haut degré de puissance et de splendeur ?
Une seule personne sans joie suffit à empoisonner toute une maison ; et il faut au moins un miracle pour que cette seule personne fasse défaut ! Le bonheur n'est guère une maladie aussi contagieuse à quoi cela tient-il ?
La compassion contrarie en tout la grande loi de l'évolution, qui est la loi de la sélection. Elle préserve ce qui est mûr pour périr, elle s'arme pour la défense des déshérités et des condamnés de la vie, et, par la multitude des ratés de tout genre qu'elle maintient en vie, elle donne à la vie même un aspect sinistre et équivoque.
Ce qui se paie n'a guère de valeur ; voilà la croyance que je cracherai au visage des esprits mercantiles.
Tous ceux qui sont habitués au succès sont pleins d'astuces pour présenter toujours leurs défauts et leurs faiblesses comme de la force apparente : ce pourquoi ils doivent les connaître particulièrement bien.