Quelque chose commence et ...

Quelque chose commence et finit dans le château de Sade. Ce qui finit, c'est l'assujettissement de l'objet à l'idée, mais en même temps l'asservissement de l'imaginaire à l'ordre du monde. Ce qui commence, c'est une suspicion infinie des apparences et à travers le plus dangereux jeu de miroirs la rencontre de la couleur noire.
 Annie Le Brun

Citations liés

La vie est un miroir dans lequel l'homme n'est jamais que le reflet de lui-même.
 Sébastien-Roch Nicolas de Chamfort
La jeunesse n'ose pas se regarder au miroir de la conscience quand elle verse du côté de l'injustice, tandis que l'âge mûr s'y est vu : là gît toute la différence entre ces deux phases de la vie.
Enfermé entre quatre murs ( au nord, le cristal du non-savoir, paysage à inventer ; au sud, la mémoire sillonnée; à l'est, le miroir ; à l'ouest, la pierre et le chant du silence), j'écrivais des messages sans réponse, détruits à peine signés.
 Octavio Paz
L'ailleurs est un miroir en négatif. Le voyageur y reconnaît le peu qui lui appartient, et découvre tant ce qu'il n'a pas eu, et n'aura pas.
 Italo Calvino

Citations du même auteur

Quelque chose commence et finit dans le château de Sade. Ce qui finit, c'est l'assujettissement de l'objet à l'idée, mais en même temps l'asservissement de l'imaginaire à l'ordre du monde. Ce qui commence, c'est une suspicion infinie des apparences et à travers le plus dangereux jeu de miroirs la rencontre de la couleur noire.
 Annie Le Brun
Peu à peu, forêts, orages, montagnes enserrent personnages et lecteurs dans un réseau d'angoisses d'abandon et de fusion. Jusqu'à ce qu'enfin désertée de toute trace d'humanité, la nature s'ouvre béante comme un dangereux appel de vide entraînant vers une série d'identifications archaïques.
 Annie Le Brun
[...] ce château que la pensée libertine ne cherche qu'à remplir d'expériences, de certitudes, cette forteresse que la protestation sociale ne cherche qu'à remplir d'ignominies pour justifier sa véhémence, cette ruine que le courant sentimental ne cherche qu'à remplir d'émotions, Sade le vide. Mais avec pour précaution initiale une magnificence d'idées, d'objets, de corps, comme pour rendre plus bouleversante cette annulation lyrique.
 Annie Le Brun
Il n'est pas de roman noir qui ne mette spectaculairement en scène l'absence ou l'imprécision du tourmenteur. Absence ostentatoire qui fait en quelque sorte basculer la question du mal dans l'imaginaire. Dans la mesure où le scélérat du roman noir en acquiert une toute-puissance cosmique qui met paradoxalement le mal à la portée de tous. Il est ici, il est là, il est dans l'air comme une redoutable énergie avec laquelle il va falloir se mesurer. Du même coup, le voilà rendu à l'état de nature, le voilà rendu à son innocence première.
 Annie Le Brun
[...] le fait que le roman noir devienne le lieu imaginaire où la prison est niée par l'idée d'un plaisir obscur et souverain, garanti par l'enfermement, prend une valeur révolutionnaire qui déjoue cependant une fois encore tout ancrage historique. Comme si là contre tout espoir, la sensibilité plurielle offrait à chacun de déterminer inconsciemment son espace, au plus loin de la cité et de son ordre, là où l'écume naît indifféremment de la décomposition ou de l'effervescence de la vie.
 Annie Le Brun