L'amour est beau dans les livres, sur des images, au cinéma. L'amour, le vrai, celui qui compte, c'est celui de la vie quotidienne ; celui-là, on n'en parle jamais parce qu'il n'est pas facile à représenter
Le cinéma est le plus totalitaire des arts. Toute énergie, toute sensation se fait sucer jusqu'au crâne, érection cérébrale, le crâne bouffi de sang. Caligula souhaitait un cou unique pour tous ses sujets afin qu'il puisse décapiter un royaume d'un seul geste. Le cinéma est cet agent transformateur. Le corps n'existe que pour les yeux, il devient une tige sèche qui porte ces deux joyaux mous et insatiables.
Quant à moi, je restai sur mon siège. Je ne voulais pas partir avant que Fiona n'ait quitté l'image. Il n'y avait aucune raison de sortir du cinéma, cette fois.
Car toute image est métaphore. Et le cinéma, encore aujourd'hui, est annonciateur, prévoit les choses, les annonce un peu, que le film soit bon ou mauvais.
Il y a plusieurs façons de faire un film. Comme Jean Renoir et Robert Bresson qui font de la musique. Comme Sergueï Eisenstein qui faisait de la peinture. Comme Stroheim qui écrivait des romans parlant à l'époque du muet. Comme Alain Resnais qui fait de la peinture. Et comme Socrate, je veux dire Rossellini, qui fait de la philosophie. Bref, le cinéma peut être à la fois tout, c'est à dire juge et partie.