Ce n’est pas tout à fait exact que la musique adoucit les moeurs. Je crois même que l’harmonie, un peu en excès, amène l’homme le mieux constitué à un état d’hébétude et de gâtisme tout à fait folâtre.
Mais, une fois pour toutes, l'Opéra devrait être un théâtre modèle, il n'est qu'un endroit où le luxe monumental n'arrive pas à cacher la pauvreté de ce qu'on y représente; car, en conscience, le spectacle purement mondain des belles dames descendant le célèbre " grand escalier " dans un bruit de soies froissées n'est pas suffisant comme musique.
Ses gestes ont une élégance quasi rectiligne ; puis, tout à coup, ses bras font des signes implacables qui arrachent des mugissements aux trombones et affolent les cymbales... C'est très impressionnant et tient du thaumaturge ; le public ne sait plus comment manifester son enthousiasme.
Il me fallut quitter cette joie tranquille [de la campagne] et revenir, poussé par cette superstition des villes qui fait que tant d'hommes aiment encore mieux y être broyés que de ne pas faire partie de ce " mouvement " dont ils sont d'ailleurs les douloureux et inconscients rouages.
Il y a une loi de beauté qu'il importe de ne pas oublier ! Malgré l'effort de quelques-uns, nous semblons marcher vers cet oubli, tant la Médiocrité, monstres à mille têtes, a de fidèles dans les sociétés modernes.