La mort n'atteint pas seulement celui qui doit fermer les yeux à jamais mais aussi les autres, tous les autres qui recevront l'horreur et l'absence en partage.
L'esprit humain souffre d'une carence intellectuelle fondamentale : pour qu'il comprenne la valeur d'une chose, il faut le priver de cette chose. L'absence lui parle sa langue maternelle ; la présence, c'est de l'hébreu pour lui.
Il pleuvait lorsque le camion freina rue Mercoeur, devant la porte d'Antoine, un de ces grains venus du golfe de Gascogne, qui remontent comme par erreur l'estuaire de la Loire mais qui, loin dans les terres, restent encore marins et crèvent sur la ville ainsi que sur un navire.