Qu'il existe une gauche pessimiste, celle par exemple d'Alain, qui plaide pour la résistance des citoyens à tous les pouvoirs, qui ne fait jamais confiance à la sagesse des maîtres, comment en douter ? Si ce libéralisme du soupçon appartient à la gauche, qu'a-t-il de commun avec l'étatisme des planificateurs, impatients de soumettre les puissants ou les riches au contrôle du pouvoir et inconscients du devoir de contrôler les contrôleurs.
Cherchant à expliquer l'attitude des intellectuels, impitoyables aux défaillances des démocraties, indulgents aux plus grands crimes, pourvu qu'ils soient commis au nom des bonnes doctrines, je rencontrai d'abord les mots sacrés : gauche, Révolution, prolétariat.