La lecture était ma liberté et mon réconfort, ma consolation, mon stimulant favori : lire pour le pur plaisir de lire, pour ce beau calme qui vous entoure quand vous entendez dans votre tête résonner les mots d'un auteur.
La nuit, la raison dort, et simplement les choses sont. Celles qui importent véritablement reprennent leur forme, survivent aux destructions des analyses du jour. L'homme renoue ses morceaux et redevient arbre calme.
Dans nos rêves, les êtres ne nous apparaissent pas seulement sous leur forme historique, mais aussi avec leurs possiblités. Dans l'image onirique, nous ne concevons pas leur caractère empirique, mais leur caractère intelligible.
Les statistiques sont inventées pour les êtres bornés. Que signifie par exemple la question : " Quelle est votre couleur préférée ? " pour celui qui se sent bien dans le brouillard, ou que la palette, l'opale, l'arc-en-ciel, un soleil couchant à Manille enchantent ?
Il est des temps de décadence, où s'efface la forme en laquelle notre vie profonde doit s'accomplir. Arrivés dans de telles époques, nous vacillons et trébuchons comme des êtres à qui manque l'équilibre. Nous tombons de la joie obscure à la douleur obscure, le sentiment d'un manque infini nous fait voir pleins d'attraits l'avenir et le passé. Nous vivons ainsi dans des temps écoulés ou dans des utopies lointaines, cependant que l'instant s'enfuit.