L'homme est d'abord ce qui se jette vers un avenir, et ce qui est conscient de se projeter dans l'avenir. L'homme est d'abord un projet qui se vit subjectivement
L'homme qui peut se mettre à la place des autres, qui peut comprendre le mécanisme de leurs pensées n'a pas à s'inquiéter de ce que l'avenir lui réserve.
Le travail est partout et la souffrance partout : seulement il y a des travaux stériles et des travaux féconds, des souffrances infâmes et des souffrances glorieuses.
Le pauvre sauvage, au séjour des ombres, continue de poursuivre sur le bord des lacs, à travers les hautes herbes, le daim agile, le bison, l'élan : moins éloigné de la vérité, dans ses songes naïfs, que l'inspiré dont le cerveau ardent crée ce qui, en aucune manière, ne peut être. C'est ce qu'ont fait plus ou moins, et toujours avec des conséquences funestes, les religions sacerdotales. Étendant un voile noir sur les destinées humaines, elles ont obscurci les vraies notions des choses, environné une frêle créature encore au berceau de terreurs chimériques, faussé sa raison.