Piler l'ortie pour la volaille, ramasser l'herbe des lapins, les glands des porcs, échardonner le blé, conduire des chèvres, tamiser la cendre des lessives, rouler le tampon de prêle dont on frotte la poêle, contourner la disette avec l'aide des première pousses du fossé, connaître et cueillir l'herbe qui calme la dysménorrhée, fait tomber la fièvre, arrête le sang, fleurir le pied des murs, demander aux feuilles et aux pétales le chemin du cœur : entre gestes et paroles, nécessités du corps et repères d'espérance, la culture féminine du végétal, ici à peine esquissée, est à elle seule une ethnobotanique globale.
Pierre Lieutaghi