La folie a sa propre logique et le vrai fou se sait sain d'esprit : c'est ce qui fait sa force. Il a un avantage énorme sur les autres, pour qui l'équilibre mental est avant tout une affaire de consensus.
Le monde romanesque n'est que la correction de ce monde-ci, suivant le désir profond de l'homme. Car il s'agit bien du même monde. La souffrance est la même, le mensonge et l'amour. Les héros ont notre langage, nos faiblesses, nos forces. Leur univers n'est ni plus beau ni plus édifiant que le nôtre. Mais eux, du moins, courent jusqu'au bout de leur destin et il n'est même jamais de si bouleversants héros que ceux qui vont jusqu'à l'extrémité de leur passion.
Une rupture est toujours douloureuse, au moins permet-elle de sauvegarder l'essentiel : conserver l'estime de l'autre, éviter le pourrissement dû à l'exaspération, raviver le désir qu'on éprouve pour le monde.
J'aime bien regarder la pluie qui tombe parce que quelque chose bouge dans le paysage. Cela oblige également les gens à bouger et à râler encore plus. Si vous prenez un taxi et que vous dites " chouette, il pleut ", en général le chauffeur vous regarde avec une haine... ! comme si vous étiez le responsable de ce temps là. Je trouve ça chic d'être le maître du temps. Alors vous ajoutez : " J'espère que demain il pleuvra aussi " " Ah, non crie l'autre, parlez pas de malheur ". Cela me rappelle Cocteau : " Puisque ces mystères nous dépassent, feignons d'en être les organisateurs. "