On devrait toujours prendre des photos, même si on n'a pas d'appareil, au moins avec son esprit. Les souvenirs qu'on se fait soi-même, volontairement, sont toujours plus vifs que ceux qu'on enregistre par accident.
Au début, ce fut une toute petite tâche, comme une forme de nostalgie. Mais non, en se rapprochant bien, on pouvait discerner l'aspect mauve de la mélancolie. Et de plus près encore, on pouvait voir la vraie nature d'une certaine tristesse.
C'est exactement comme un chagrin d'amour : on ne sait pas quand on s'en remettra. Au pire moment de la douleur, on pense que la plaie sera toujours vive. Et puis, un matin, on s'étonne de ne plus ressentir ce poids terrible.
Il y avait cet émerveillement réel entre eux. Quelque chose qui était le merveilleux des contes, des instants volés à la perfection. Des minutes que l'on grave dans sa mémoire au moment même où on les vit. Des secondes qui sont notre future nostalgie.