Le vieil homme dort mal. Il sent la petite, paisible, à ses côtés, mais cela ne le calme pas. Cette nuit lui rappelle la dernière nuit qu'il a passé au pays, dans la peur et dans le noir.
La lecture était ma liberté et mon réconfort, ma consolation, mon stimulant favori : lire pour le pur plaisir de lire, pour ce beau calme qui vous entoure quand vous entendez dans votre tête résonner les mots d'un auteur.
La nuit, la raison dort, et simplement les choses sont. Celles qui importent véritablement reprennent leur forme, survivent aux destructions des analyses du jour. L'homme renoue ses morceaux et redevient arbre calme.
On dit toujours que la vie est injuste, mais la mort l'est encore davantage, le mourir en tout cas. Certains souffrent et d'autres passent comme dans un soupir. La justice n'est pas de ce monde mais elle n'est pas de l'autre non plus.
Il s'est éloigné. Il est reparti dans ses regrets, et m'a laissé dans les miens. Je savais, comme lui sans doute, qu'on peut vivre dans les regrets comme dans un pays.