La possessivité de la nation à l'égard de ses artistes se manifeste comme un terrorisme du petit contexte qui réduit tout le sens d'une œuvre au rôle que celle-ci joue dans son propre pays.
Frères d'une grande famille, les enfants ne perdent leurs traits de ressemblance qu'en perdant l'innocence, la même partout. Alors les passions modifiées par les climats, les gouvernements et les mœurs font les nations diverses ; le genre humain cesse de s'entendre et de parler le même langage : c'est la société qui est la véritable tour de Babel.
Nous pensons, et vous aussi sans aucun doute, qu'un royaume digne de ce nom, une nation moderne, ne se construit pas en laissant l'écrasante majorité de sa population dans l'ignorance.
C'est à son entourage qu'on reconnait un dirigeant:les petits chefs ne supportent pas le talent des autres et choisissent des incapables ;les grands chefs savent que la gloire de leur conseillers ne leur porte pas ombrage,mais rejaillit sur eux.
Les rescapés de la Shoah avaient [...] accumulé une lourde réserve de haine, mais cette haine se trouva détournée sur les Arabes. Cette haine forte et comprimée se trompa d'ennemi. Les paysans et les citadins palestiniens, et non pas les Allemands, faisaient obstacle au projet sioniste. Les Palestiniens vont en subir les conséquences. Haïr l'Allemand est devenu impossible. Il paye. Alors haïr l'arabe, absolument étranger à la Shoah mais tellement menaçant, est un bon substitut. D'ailleurs le Mufti El Hadj Hussein de Jérusalem n'avait-il pas pactisé avec Hitler !
La victoire éclatante de 1948 permit aux sionistes de chasser près de sept cent mille Palestiniens. Ils racontèrent ensuite que ceux-là étaient partis volontairement [..] par "antisémitisme" en quelque sorte !