L'un des grands problèmes de l'agnostique, c'est que quand quelque chose de terrible lui tombe dessus, à lui ou à quelqu'un de proche, il n'a même pas le recours de mettre ça sur le compte de la volonté divine.
Un parfum usé de cotonnade et de savon couvrait le lit, la table, le tapis dont les images laissaient des ombres de poissons dans le filet, les deux fauteuils au tête-à-tête muet et obstiné dans lesquels on ne s'asseyait jamais et qui ressemblent à tant de couples fatigués et lâches.
J'ai dix-neuf ans et je n'ai pas encore compris ma mère, ses caresses, sa sucrerie, ses mamours, puis ses refus, ses silences suivis de larmes, et de nouveau l'œil en coulisse et ses appels à la raison.
Un parfum usé de cotonnade et de savon couvrait le lit, la table, le tapis dont les images laissaient des ombres de poissons dans le filet, les deux fauteuils au tête-à-tête muet et obstiné dans lesquels on ne s'asseyait jamais et qui ressemblent à tant de couples fatigués et lâches.
Le père, pour moi, à différentes époques et quand je rencontrais ceux des autres, avait quand même cette présence des nuages avant la pluie, la lourdeur qui vous enveloppe et précède l'orage, le lointain gris d'où partent les rayons raides des gloires au-dessus des maîtres-autels, mais la pluie n'était que l'apaisant oubli et la représentation d'une présence divine que l'humide caresse des voûtes de l'église ou ma mère ne m'amena bientôt plus, abandonnée, fermée sur elle-même et gardant la rumeur élémentaire que l'on écoute dans les beaux coquillages de la couleur des chairs entrouvertes.