La mélancolie se lève chaque matin une minute avant moi. Elle est comme quelqu'un qui me fait de l'ombre, debout entre le jour et moi. Je dois pour m'éveiller la repousser sans ménagement.
J'aime la mélancolie de ce passant. Il n'a plus aucune de ces prétentions du paraître qui nous amenuisent tant dans la vraie vie, nous contraignent à cacher nos blessures, nos tristesses.
Le malheur et la mélancolie sont les interprètes les plus éloquents de l'amour, et correspondent entre deux êtres souffrants avec une incroyable rapidité.
L'amertume et le regret, la tristesse sont autant d'imperfections de l'humeur qui nous isolent dans des bulles noires où les autres refusent de nous regarder et jamais ne nous approchent.
La vieillesse peut servir à cela, donner sa bienveillance, parce qu'on a le temps qu'il faut, parce qu'on n'attend plus avec impatience et colère des choses, qui, ne venant pas, nous rendent hargneux envers ceux qui les ont.
Elle aurait pu mesurer combien, si l'on n'y prend pas garde, on appartient à ceux qui nous aiment. Elle aurait pu détester l'autorité qu'ils s'arrogent dès qu'on n'y met pas de limites.