On s'arrête à une pompe alors que l'on a même pas besoin d'essence, on rencontre quelqu'un et la vie déraille. Non, le destin n'est pas cruel. Il est bête à pleurer.
A tout être humain ont été concédées deux qualités : le pouvoir et le don. Le pouvoir conduit l'homme à la rencontre de son destin ; le don l'oblige à partager avec les autres ce qu'il y a de meilleur en lui.
On ne prend pas rendez-vous avec le destin. Le destin empoigne qui il veut, quand il veut. Dans le sens de vos désirs, il vous apporte la plénitude. Mais le plus souvent, il déséquilibre et heurte. Alors, on subit.
"Mon Dieu, Ora'Leh, quelle magnificence !" s'extasiait-il devant le spectacle de sa nudité, se souvient-elle. Excepté Ada, personne à sa connaissance n'avait jamais employé ce mot, éminemment poétique.
Elle gémit, se prend la tête dans les mains et serre fort, maudissant du fond du cœur cette guerre interminable qui, une fois de plus, a réussi à se frayer un chemin vers son âme.
Elle qui, chaque fois qu'elle passait de la 4e à la 3e vitesse, paniquait à l'idée d'avoir enclenché la marche arrière, voilà qu'elle donnait la vie à une autre personne !