Dis-lui, Jonathan, que j'étais ton ami, que tu était mon frère, peut-être mieux encore puisque nous nous étions choisis, dis-lui que rien n'a jamais pu nous séparer, même votre départ si soudain.
La solitude c'est cette pute de vie qui vous croise un matin, vous baise toute la nuit, puis vous fait payer le prix du voyage par le retour à la case départ, le néant.
Et puis la retraite, je ne voulais pas vraiment que ça signifie se retirer, aller à l'envers, revenir à son point de départ. Moi, mon point de départ, c'était une balle de fusil dans la tête. Alors... La retraite, c'était tout simplement l'arrêt tant attendu d'un esclavage relatif et moderne. C'est tout. Pas l'arrêt du plaisir. Pas celui de la vie.
Mais l'enfance n'est ni nostalgie, ni terreur, ni paradis perdu, ni Toison d'Or, mais peut-être horizon, point de départ, coordonnées à partir desquelles les axes de ma vie pourront trouver leur sens.
Avoir continué à l'aimer sans retour. Avoir su te nourrir du seul sentiment que tu lui portais, avoir respecté sa liberté, te contenter du fait qu'elle existe sans cherché à la revoir, juste pour la protéger.
La vérité c'est que tu as peur de vivre et c'est pour surmonter cette peur que tu es partie assister les autres. [...] Quel étrange destin que d'ignorer ceux qui t'aiment pour aller donner de l'amour à ceux que tu ne connaîtras pas !