On s'arrête à une pompe alors que l'on a même pas besoin d'essence, on rencontre quelqu'un et la vie déraille. Non, le destin n'est pas cruel. Il est bête à pleurer.
A tout être humain ont été concédées deux qualités : le pouvoir et le don. Le pouvoir conduit l'homme à la rencontre de son destin ; le don l'oblige à partager avec les autres ce qu'il y a de meilleur en lui.
On ne prend pas rendez-vous avec le destin. Le destin empoigne qui il veut, quand il veut. Dans le sens de vos désirs, il vous apporte la plénitude. Mais le plus souvent, il déséquilibre et heurte. Alors, on subit.
Dans nos rêves, les êtres ne nous apparaissent pas seulement sous leur forme historique, mais aussi avec leurs possiblités. Dans l'image onirique, nous ne concevons pas leur caractère empirique, mais leur caractère intelligible.
Les statistiques sont inventées pour les êtres bornés. Que signifie par exemple la question : " Quelle est votre couleur préférée ? " pour celui qui se sent bien dans le brouillard, ou que la palette, l'opale, l'arc-en-ciel, un soleil couchant à Manille enchantent ?
Il est des temps de décadence, où s'efface la forme en laquelle notre vie profonde doit s'accomplir. Arrivés dans de telles époques, nous vacillons et trébuchons comme des êtres à qui manque l'équilibre. Nous tombons de la joie obscure à la douleur obscure, le sentiment d'un manque infini nous fait voir pleins d'attraits l'avenir et le passé. Nous vivons ainsi dans des temps écoulés ou dans des utopies lointaines, cependant que l'instant s'enfuit.