On s'arrête à une pompe alors que l'on a même pas besoin d'essence, on rencontre quelqu'un et la vie déraille. Non, le destin n'est pas cruel. Il est bête à pleurer.
A tout être humain ont été concédées deux qualités : le pouvoir et le don. Le pouvoir conduit l'homme à la rencontre de son destin ; le don l'oblige à partager avec les autres ce qu'il y a de meilleur en lui.
Quand le malheur vous touche, on refuse tous d'admettre qu'il n'y a aucun coupable à punir. Alors pour diminuer ses souffrances, on s'invente une vengeance.
C'est de là que naissent toutes les haines du monde, lieutenant, toutes les guerres, il nous faut trouver des coupables, toujours, à tous les malheurs de l'univers. Même quand il n'y en a pas, notre esprit les invente.
C'est finalement agréable, pensa Grand-Duc, de décider ainsi de la vie et de la mort d'autrui, de protéger pour mieux condamner, de donner de l'espoir pour mieux sacrifier. De jouer avec le destin comme un dieu rusé et imprévisible...