Partir. Mon cœur bruissait de générosités emphatiques. Partir... j'arriverais lisse et jeune dans ce pays mien et je dirais à ce pays dont le limon entre dans la composition de ma chair : " J'ai longtemps erré et je reviens vers la hideur désertée de vos plaies. "
C'est fou comme la voix seule peut dire d'une personne qu'on aime - de sa tristesse, de sa fatigue, de sa fragilité, de son intensité de vivre, de sa joie. Sans les gestes, c'est la pudeur qui disparaît, la transparence qui s'installe.
Parfois on dit : "On aurait presque pu..." Là, c'est la phrase triste des adultes qui n'ont gardé en équilibre sur la boîte de Pandore que la nostalgie.
J'aime la mélancolie de ce passant. Il n'a plus aucune de ces prétentions du paraître qui nous amenuisent tant dans la vraie vie, nous contraignent à cacher nos blessures, nos tristesses.
Pour le coup, l'insistance de Monet entraîna ma rêverie vers d'autres horizons. J'aimais Julia. Sa passion pour la peinture m'interdisait tout espoir. Je n'étais pas un artiste et je savais trop qu'elle ne pouvait aimer qu'un créateur.
Il faut partir ou bien rester, cela revient au même gris. Je t'écris ça ce soir avec cette envie de mourir, la fatigue si longue ; le chagrin seul me tient ici, brûlure au creux de la poitrine.