Du fait de sa profession, Brunetti était devenu un maître dans l'art des silences et il était capable d'en discerner la qualité comme un chef d'orchestre distingue les timbres des diverses cordes. Il y avait des silences absolus, de vraies déclarations de guerre, après lesquels rien ne viendrait en réaction aux questions ou aux menaces. Il y avait les silences attentifs, après lesquels celui qui avait parlé mesurait l'impact de ses propos sur son auditeur. Et il y avait les silences épuisés, qu'il fallait respecter jusqu'à ce que celui qui parlait ait repris le contrôle de ses émotions.
Il n'avait [...] aucun moyen de savoir si les Italiens étaient plus crédules que d'autres peuples, ou s'ils étaient simplement moins bien informés. Des rumeurs lui étaient parvenues sur des pays où existerait une presse indépendante rapportant des informations justes et où la télévision n'était pas contrôlée par une seul homme ; sa propre femme avait même exprimé sa croyance en l'existence d'une telle merveille.