La mort n'atteint pas seulement celui qui doit fermer les yeux à jamais mais aussi les autres, tous les autres qui recevront l'horreur et l'absence en partage.
L'esprit humain souffre d'une carence intellectuelle fondamentale : pour qu'il comprenne la valeur d'une chose, il faut le priver de cette chose. L'absence lui parle sa langue maternelle ; la présence, c'est de l'hébreu pour lui.
L'amertume et le regret, la tristesse sont autant d'imperfections de l'humeur qui nous isolent dans des bulles noires où les autres refusent de nous regarder et jamais ne nous approchent.
Elle aurait pu mesurer combien, si l'on n'y prend pas garde, on appartient à ceux qui nous aiment. Elle aurait pu détester l'autorité qu'ils s'arrogent dès qu'on n'y met pas de limites.
La vieillesse peut servir à cela, donner sa bienveillance, parce qu'on a le temps qu'il faut, parce qu'on n'attend plus avec impatience et colère des choses, qui, ne venant pas, nous rendent hargneux envers ceux qui les ont.